Triennale internationale des Arts textiles Tournai

Après une édition consacrée au Japon (2005) et une autre dédiée à l’Italie (2008), la Triennale internationale des Arts textiles contemporains de Tournai s’ouvre sur le monde entier.

Et expose les œuvres rares d’une quarantaine d’artistes issus des cinq continents dans les lieux prestigieux de la ville: la cathédrale Notre-Dame (classée au Patrimoine mondial de l’humanité!), la Halle aux Draps, l’église du Séminaire épiscopal, le Musée des Beaux-Arts… et d’autres lieux chargés d’histoire qui entrent en dialogue avec la richesse de la création textile contemporaine, passé contre présent. Ce qui offre la cohérence à l’ensemble? Une réalisation d’une finesse incroyable, tant du côté architectural que dans les objets de tissu. De la belle ouvrage, comme on dit. – A.N. (source)

www.triennaletournai.be

De pied en cape

On a du mal à imaginer ce qu’il y a d’heures de quête extravagante, de voyages accomplis et de travail opiniâtre pour aboutir à cette œuvre monumentale, réalisée au crochet par les mains sans repos de l’artiste glaneuse-ravaudeuse, Caroline Léger.
Mettons bout à bout les heures de confection en continu (deux pauses de 12 heures sept jours sur sept) dans quelques-uns des 10.000 ateliers du district de Datang au sud de Shangaï, nécessaires à la fabrication, sur des machines informatisées (sud-coréennes), des centaines de paires de chaussettes, dont seules des orphelines composent cette robe-chaussettes, puis ajoutons-y les heures de manutention aux phases finition, vérification qualité (entièrement à la main) et conditionnement, avant que les lots par mille paires de chaussettes ne quittent l’ « atelier du monde » et ne soient débarqués en Occident et acheminés dans des centres de distribution avant de parvenir, enfin, dans les grands magasins où toutes ces chaussettes, socks, calcetines, sokken, Strümpfe, meias, calzini, hockn sont mises en rayon par des mains amnésiques, qui ne savent plus rien de l’art du tricot et des ouvrages manuels qui naguère occupaient pourtant les mains noueuses de leurs grand-mères, ferraillant des soirées durant à extraire du maniement expert d’un jeu de 4 aiguilles des chaussettes sur mesure, sans coutures, à l’épreuve de l’usure, certes moins élastiques et moins fantaisie que les chinoises d’aujourd’hui, mais comportant un pied gauche et un pied droit, un talon renforcé et un cou de pied digne de ce nom.

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